vendredi 11 mai 2012

Les résultats des élections du 6 mai en France et en Grèce sont des évènements majeurs qui vont impacter l’Europe de façon considérable.


Photo : F. Descheemaekere ©
L’arrivée à la Présidence de François Hollande est un évènement considérable pour l'Europe. Elle marque la fin du couple « Merkozy » qui avait pris le leadership européen en s’affranchissant de fait des institutions communautaires et des principes de gouvernance de l’Union progressivement édifiés depuis plus de soixante ans et qui était souvent vécu, notamment dans les pays du sud de l'Union, comme un véritable directoire. Même si l'Allemagne et la France vont continuer d'être le moteur de l'Europe, un nouveau tandem « Merkhollande » va se mettre en place. Son rôle pourrait être moins dirigiste que n'avait été celui de "Merkozy". Il pourrait être de donner les grandes orientations et les grandes impulsions à l’Union européenne, en redonnant aux institutions communautaires, Commission et Parlement un poids plus important dans la prise des décisions et leur mise en oeuvre.
Elle ouvre aussi une perspective d’inflexion de la politique économique européenne jusqu’à tout récemment uniquement focalisée sur le retour à l’équilibre des finances publics par la mise en œuvre de plans d’austérité, en proposant de la compléter par la stimulation de la croissance, même si on est encore aujourd’hui très loin d’un consensus entre dirigeants européens  - notamment du fait de la rigidité de la Chancelière allemande sur sa position de stricte orthodoxie budgétaire - sur les moyens à mettre en œuvre pour cette stimulation.

D’une situation de crise économique d’une gravité sans précédent, la Grèce vient de basculer dans le chaos politique, et nul ne peut prédire quelle sera l’évolution dans les jours et les semaines à venir, mais le pire ne peut pas être écarté. Un défaut de paiement du pays est de nouveau à craindre, et sa sortie de l’euro est une hypothèse qui devient de plus en plus probable, sans qu’on puisse en prévoir et en mesurer toutes les conséquences, que ce soit pour la Grèce ou, par effet dominos,  pour l’Europe et le monde. La Chancelière Angela Merkel devrait prendre garde à ce que, du fait de son rigorisme intégriste, ce scénario du pire ne se propage pas à d’autres pays, comme le Portugal ou l’Espagne. Désespérés par l’accumulation de plans d’austérité sans résultats, ces peuples pourraient à leur tour ne plus accepter d’être des victimes silencieuses de la crise économique, et basculer à leur tour dans le chaos politique.

Un nouvelle ère s'ouvre avec une possible reconfiguration des rapports de force entre les principaux acteurs européens qui pourrait être de nature à faire naître l’espoir d’une nouvelle politique conjuguant rigueur dans la gestion des finances publiques et stimulation de la croissance pouvant seule permettre d’éviter la propagation du scénario grec.

                                                    François Descheemaekere
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La crise hellène vire au drachme


[Coulisses de Bruxelles]

Et si l’euro explosait ? Ce scénario catastrophe a refait surface sur les marchés depuis le résultat calamiteux des élections législatives anticipées grecques de dimanche qui a privé le pays de toute majorité viable. Ce n’est pas tant la Grèce en tant que telle qui fait peur, les marchés n’étant quasiment plus exposés à sa dette publique depuis sa restructuration, que les risques de contagion d’une éventuelle sortie de ce pays de la zone euro aux autres États fragiles, ce qui menacerait l’existence de la monnaie unique. Les taux d’intérêt des dettes espagnoles et italiennes ont d’ailleurs recommencé à flamber sur le marché secondaire, celui de la revente, dépassant à nouveau 6 % pour l’Espagne.
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Le "poison grec" tétanise de nouveau l'Europe


Infographie : François Descheemaekere
[Le Monde]

La révolte des électeurs contre l'austérité hypothèque le plan d'aide européen. La question d'une sortie d'Athènes de l'union monétaire revient sur le devant de la scène.

Jeudi 10 mai, la Grèce était toujours à la recherche d'un gouvernement. Quatre jours après les élections législatives, à l'issue desquelles le Parlement est sorti émietté et émaillé de partis extrêmes, Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale, a échoué à former une coalition à même de diriger le pays. La tâche délicate - impossible, disent certains - échoit désormais à Evangélos Vénizélos chef du parti socialiste, le Pasok. Le compte à rebours s'accélère. La tenue de nouvelles élections à la mi-juin semble désormais inévitable. Si tel est le cas, la colère du peuple, excédé par des plans d'austérité "barbares" imposés par les Européens et le Fonds monétaire international (FMI), sera-t-elle apaisée ? Peut-on donner de l'air au pays exsangue en dépit de son indiscipline ? Faut-il envisager sa sortie de l'union monétaire, voire de l'Union européenne ? En Finlande et en Allemagne, on perd patience.
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Sortir la Grèce de l'euro "est un pari un peu fou"


Infographie : François Descheemaekere
[Euractiv]

Selon Xavier Timbaud, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), l'appel de la France pour la croissance vise surtout à empêcher l'euro d'exploser. 

Comment interprétez-vous le refus d'Angela Merkel de renégocier le pacte budgétaire ? La chancelière allemande ne ferme pas complètement la possibilité de discuter du fond. Tout comme le président de la Banque centrale européenne, elle ne veut pas de croissance par les déficits mais par les réformes structurelles. Mais au moins le débat est ouvert. Le fait que l'Allemagne s'appuie sur cet argument technique montre qu'Angela Merkel se voit plutôt en position de faiblesse.
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L’ode à la croissance


Ode to growth

[The Economist]

The new French president changes the tune of Europe’s debate, but huge challenges remain

AS CANDIDATE, François Hollande found the doors of Europe’s chancelleries shut in his face. He visited London, but David Cameron refused to meet him. Angela Merkel would not see him in Berlin, and openly supported his opponent. Italy’s Mario Monti did not find time in his diary. How foolish they all seem. And how pleasing for President-elect Hollande that so many now sing to his tune on the need for economic growth. The German chancellor has invited the new French president to Berlin as soon as possible. Herman Van Rompuy, president of the European Council, has summoned European Union leaders to dinner in Brussels on May 23rd to discuss how the Germanic fiscal compact might be complemented by a French-inspired growth compact. José Manuel Barroso, president of the European Commission, can scarcely contain his excitement. Mr Hollande wants more investment? Here are plans to recapitalise the European Investment Bank and to issue “project bonds” sweetened by the EU for big infrastructure projects.
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Après l’austérité, c’est la croissance qui devient à la mode en Europe


Europe Eyes Shift from Austerity to Growth

[Spiegel Online]

After two years of austerity, growth is suddenly back in fashion in Europe, following calls by the incoming French president, François Hollande, for measures to boost the economy. But the EU's planned "growth pact" is likely to be too small to help the crisis-hit countries of southern Europe.

When European Commissioner for Economic and Monetary Affairs Olli Rehn presents the European Union's spring forecast for the bloc's economy on Friday, one word will be a leitmotif during his speech: growth. Once a favorite buzzword of eurocrats, it is now back in fashion these days. Even prior to François Hollande's victory in the presidential election in France, growth had been on the Brussels agenda. Now, it is near the top. European Council President Herman Van Rompuy has invited the 27 EU leaders to a special summit on growth on May 23. And the plan is to adopt a "growth pact" at the next regular EU summit at the end of June. At first glance, this seems like a fundamental about-face. After two years of rigid austerity aimed at combating the European debt crisis, the EU would appear to be changing its course.
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Mais qui est vraiment l'intraitable Angela Merkel ?


Infographie : François Descheemaekere
[Challenges] 

PORTRAIT-Désignée cinq fois "femme la plus puissante du monde", l'ex-petite fille de RDA reste indéchiffrable. Initiatrice du Merkozy, la mère la rigueur de l'Europe a intégré la nécessité d'un Merkhollande. 

Il a fallu que François Hollande arrive en tête au premier tour de la présidentielle française et que le très orthodoxe Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, appelle aussi à la croissance, pour que, enfin, Angela Merkel abandonne la position sur laquelle elle campait. Jusqu'au bout, elle a soutenu son allié et ami Nicolas, restant sourde aux appels du pied du candidat socialiste qui souhaitait être reçu à Berlin. Le revirement est intervenu fin avril. D'abord par la voix de l'un de ses lieutenants, le député chrétien- démocrate Andreas Schockenhoff, confiant que Berlin pourrait mettre de l'eau dans son vin. Le lendemain, elle affirmait: "Nous avons besoin de croissance, de croissance sous forme d'initiatives pérennes."
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L'Allemagne, terre d'asile de l'Europe en crise


Infographie : François Descheemaekere
[Slate.fr]

Locomotive de l'UE, l'Allemagne attire de plus en plus de travailleurs des pays durement touchés par la crise économique, les Espagnols et les Grecs en tête. Condamnés au chômage chez eux, ils font le choix d'émigrer et de tenter leur chance sur un marché du travail dynamique, malgré la barrière de la langue.

Avec un taux de croissance de 3% en 2011 et un taux de chômage de 7,2%, le marché de l'emploi allemand affiche une santé insolente au beau milieu d'une Europe mise à genoux par la crise, où près d'un quart des actifs sont sans emploi en Espagne, un cinquième en Grèce et 15% au Portugal. Pour ces travailleurs que la crise a laissé sur le carreau, l'Allemagne est devenue une seconde chance, une terre d'asile en Europe où trouver un emploi est encore possible. Selon les derniers chiffres publiés par l'Office fédéral des statistiques, sur les 381.000 étrangers qui se sont installés en Allemagne au premier semestre 2011 –soit un cinquième de plus par rapport au premier semestre 2010–, la part de ressortissants européens a bondi de près de 30%.
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