mercredi 23 novembre 2011

Attention à la résurgence de sentiments anti-allemands !


Les Grecs n’apprécient pas beaucoup les mesures d'austérité imposées à leur pays en contrepartie d'une réduction partielle de sa dette, et on peut comprendre qu’ils aient la dent dure envers à ceux qui les ont décidées.

Ce qui doit attirer notre vigilance, c’est le fait que c’est presque autant la Chancelière allemande que leurs dirigeants nationaux qui a été l’objet de leur animosité
. Lors des manifestations qui se sont succédées à Athènes, des manifestants n’ont pas hésité à comparer la « troïka » (Union Européenne, FMI et BCE) présente à Athènes au côté du gouvernement pour s’assurer de la bonne mise en œuvre des mesures de rigueur, au «  gauleiter », régime nazi qui occupait le pays durant la Seconde Guerre mondiale. Angela Merkel était d’ailleurs souvent personnellement visée. Un photomontage sur des pancartes de manifestants la montrait en uniforme d'officier SS, arborant un brassard avec croix gammée auréolée des étoiles du drapeau européen. Également, on a pu voir dans la presse hellénique  des dessins satiriques reprenant la même thématique et le lycée de Kimolos dans les iles Cyclades a même édité un calendrier illustré de cartoons anti-allemands du caricaturiste Christos Zoidos. Le quotidien Eleftherotypia a publié au cours des derniers mois des dizaines de bandes dessinées anti-allemandes du caricaturiste Stathis Stavropoulos, dont l'une montrait le Ministre des Finances grec Evangelos Venizelos faisant le salut Nazi 'Sieg Heil' à un soldat allemand. Et des touristes allemands visitant des lieux historiques d’Athènes ont rapporté l’hostilité de certains habitants à leur égard.
On aurait peut-être tort de ne voir là que des outrances ou des faits anecdotiques.

L’éviction, commanditée et supervisée par l’Allemagne, de Papandréou,  et son remplacement par un premier ministre, ancien vice-président de la BCE, a souvent été perçu par les Grecs comme
une ingérence de Berlin dans les affaires intérieures de leur pays, (qu’on se souvienne des titres de presse pendant le sommet du G20 à Cannes : « Papandréou convoqué par Merkel et Sarkozy ») faisant resurgir une inimitié historique qu’on croyait éteinte et ravivant les souvenirs de l’occupation du pays par l'armée hitlérienne, il y a près de soixante-dix ans.

Alors que la pression monte de toutes parts sur Angela Merkel pour qu’elle accepte enfin que la Banque Centrale Européenne puisse émettre des euro-obligations, aux dires de nombreux experts seule solution susceptible de stopper la progression de la crise de la zone euro, la Chancelière, sourde aux critiques, s’obstine à réclamer depuis plusieurs semaines une modification des traités dans l'objectif de renforcer la discipline au sein de la zone euro. Un document de travail secret du gouvernement allemand, dont fait état le Daily Telegraph, précise d’ailleurs ses intentions, et
l’on peut s’inquiéter de ses préconisations, de son attitude « donneuse de leçons », et de l’impact qu’ils pourraient avoir sur les opinions publiques des autres pays européens.

Les experts allemands sont de plus en plus présents
et ont un rôle de premier plan dans de nombreux lieux de préparation de projets pour piloter l’évolution de la crise de la zone euro,
au risque de froisser les partenaires européens.
Progressivement, l’Allemagne prend le leadership en Europe, que ce soit celui des idées ou des initiatives, au risque de s’isoler. Et ce d’autant plus son partenaire privilégié, la France, semble sidérée depuis que la menace sur son Triple A s’est faite plus forte et que le tandem magnifique « Merkozy » (= Merkel-Sarkozy) du G20 de Cannes a perdu en route son leader en second.

La construction européenne est née de la volonté de rendre impossible toute  nouvelle guerre entre les pays européens, et singulièrement entre la France et l’Allemagne
. Tout a été fait pendant les soixante-six dernières années pour favoriser et consolider les liens d’amitiés entre les peuples. Il ne faudrait pas que par une attitude de suffisance et de « parangon des vertus de rigueur et de travail », et par des préconisations privilégiant la technocratie à la démocratie, l’Allemagne suscite chez les ses partenaires européens la résurgence de sentiments antiallemands, et chez ses propres citoyens la montée de sentiments de supériorité et de défiance, voire d’irritation et d’arrogance vis-à-vis des autres européens.

L
e quotidien économique allemand Handelsblatt titrait il y a deux jours "das einsame Land", le pays isolé… Marqués par l’histoire de leur pays, des dirigeants et des intellectuels allemands s’interrogent et dénient farouchement la tentation d’hégémonie que certains leur prêtent. Au Royaume-Uni et en France, le malaise grandit. D’autant qu’à y regarder de près, l’Allemagne n’est pas le modèle de rigueur qu’elle prétend être…
                                
                                        François Descheemaekere
Bookmark and Share

Les taux allemands sont à leur tour rattrapés par la crise

[LeFigaro.fr]

Contrairement aux apparences, l'Allemagne est elle aussi touchée par la crise des dettes souveraines en Europe. Ses taux d'intérêt à long terme se tendent sur fond de ralentissement de la croissance outre-Rhin.

L'écart de taux, le «fameux spread», entre la France et l'Allemagne s'est nettement réduit ces derniers jours, puisqu'il est revenu à 1,5 point de pourcentage (150 points de base), alors qu'il avait atteint 2 point de pourcentage en milieu de semaine dernière. Une partie de la réduction de l'écart est attribuable à une légère détente des taux d'intérêt français revenus à 3,45 % pour les emprunts d'État à 10 ans, mais l'essentiel du chemin parcouru provient d'une hausse des taux d'intérêt allemands à 10 ans qui atteignent désormais 1,94 %. Cette tension tout à fait inattendue s'explique par deux éléments bien distincts.
Bookmark and Share

Qui a peur de l'Allemagne, une rigoriste peu rigoureuse ?

[Presseurop et Der Spiegel]

Berlin se pose en havre de stabilité au cœur de la crise – et les marchés financiers y croient. Pourtant, le pays ne respecte pas tous les critères de discipline budgétaire. Une attitude à la fois arrogante et dangereuse.

Les investisseurs des marchés financiers et les dirigeants politiques allemands n’ont en réalité que peu de choses en commun : en règle générale, les premiers ne comprennent pas pourquoi les seconds ont besoin de tant de temps pour appliquer les décisions prises lors des sommets de crise. A l’inverse, les premiers sont les boucs émissaires tout désignés des seconds dès qu’il s’agit d’attribuer à quelqu'un la paternité de la crise. Etonnamment, les uns et les autres tombent néanmoins d’accord sur un point : leur opinion de la politique budgétaire allemande. Jugée solide, elle est érigée en exemple pour tous les pays endettés du Sud de l’Europe. Même si les faits disent tout à fait autre chose, personne ne veut vraiment remettre en question cette vérité générale.
Bookmark and Share

Réforme des traités à l'allemande : la technocratie d'abord, la démocratie ensuite

[Euractiv]

Le quotidien britannique The Daily Telegraph s'est procuré un document de travail du gouvernement allemand sur la réforme des traités. En cas non respect des règles de stabilité, Berlin souhaite que les Etats fautifs perdent leur souveraineté budgétaire au profit de Bruxelles. 

Depuis plusieurs semaines, la chancelière allemande, Angela Merkel, réclame une modification des traités dans l'objectif de renforcer la discipline au sein de la zone euro. Dans les six pages de notes publiées par le Daily Telegraph et décrivant les positions du gouvernement, l'Allemagne n'y va pas de main morte. Commissaire à la stabilité Le document explicite le souhait de Berlin de mettre en place des sanctions automatiques contre les pays qui ne respecteraient pas le pacte de stabilité. La Commission aurait alors le champ libre pour agir, sans même avoir besoin d'en référer au Conseil des ministres.
Bookmark and Share

L'UE est en flammes mais l'euro se porte pour le mieux


[Figaro.fr]

DÉCRYPTAGE - La solidité de la monnaie unique contraste avec le vent de panique qui a submergé les marchés financiers.

Il fluctue mais ne coule pas. À 1,35 dollar, l'euro vaut bien plus qu'à sa naissance, le 4 janvier 1999, quand sa première cotation s'est faite à 1,17 dollar. Certes il a connu des niveaux plus élevés. En août dernier, il caracolait à 1,45 contre le billet vert. Mais ces fluctuations sont un peu l'écume des jours. Les cours actuels restent pratiquement équivalents à ceux du début 2011.
Bookmark and Share

Avec l'Espagne, l'Europe se prend une nouvelle droite

[Myeurop]

Après la victoire des conservateurs en Espagne, l'Union européenne compte désormais 18 gouvernements de droite sur 27. La gauche cinq et très bientôt seulement quatre. Pourtant, si la crise a pour effet de faire "sortir les sortants", elle ne nuit pas plus à la gauche qu'à la droite.
Bookmark and Share

Echec des négociations sur le déficit américain

[Euractiv]

La commission spéciale du Congrès, chargée d'examiner les moyens de réduire le déficit fédéral, ne délivrera pas d'accord. Démocrates et républicains ne sont parvenus à aucun compromis sur les impôts et les programmes sociaux.


Ils auront préféré jeter l’éponge plutôt que de se mettre d’accord sur les mesures de réduction du déficit fédéral. C’est dire combien les divergences de vue entre les deux grandes formations politiques américaines sont importantes. Echec du « Super-comité » Créée après l’accord sur le relèvement du plafond de la dette américaine obtenu in extremis cet été, la commission spéciale du Congrès américain, formée de six démocrates et six républicains, n’aura pas rempli sa mission. Ce « super-comité » était censé définir, d’ici mercredi 23 novembre, les grandes lignes d'un programme d’assainissement budgétaire de près de 1 000 milliards de dollars sur 10 ans, convenu par l’administration Obama.
Bookmark and Share

Etats-Unis, Europe : deux dettes records, deux traitements différents

Si les Etats-Unis et la plupart des pays européens semblent englués dans leur stratégie de désendettement, les premiers n'ont pas le moindre problème de financement de leur dette.

D'un côté de l'Atlantique, une dette publique record de 15.000 milliards de dollars (11.000 milliards d'euros), représentant près de 100 % du PIB américain, que la classe politique a décidée de réduire, sans aucun succès pour l'instant pour des raisons politiques. De l'autre, une dette publique de plus de 7.800 milliards d'euros (85,4 % du PIB) que les gouvernements européens s'échinent à alléger, sans beaucoup plus de bonheur, également pour des raisons politiques. Ces deux situations, comparables sous bien des aspects, sont appréhendées par les investisseurs internationaux de façon radicalement différente.
Bookmark and Share