mardi 22 novembre 2011

Au jeu du triple A, à tous les coups l’on perd !

Moody vient de nous appuyer encore un peu plus sur la dette, et on se demande combien de temps la France va pouvoir se maintenir la tête hors de l’eau.

Ce qui est complètement fou avec les agences de notation, c’est la boucle de rétroaction positive qu’elles déclenchent lorsqu’elles annoncent qu’elles mettent un pays sous surveillance.  Le thermomètre n'est évidemment pas la cause de la maladie, et les agences de notation ne sont évidemment pas la cause de notre endettement excessif, mais notre situation ressemble à celle d'un malade dont la fièvre augmenterait et la maladie empirerait à la seule lecture de sa température sur son thermomètre…

Démonstration :

1 – Une agence de notation (Moody’s en l’occurrence) annonce qu’elle met la France sous surveillance pendant 3 mois au terme desquels elle maintiendra ou retirera son AAA.

2 – De manière à rassurer les marchés et à démontrer aux agences de notation que convaincu des vertus de la rigueur, il s'engage résolument dans une politique de réduction de ses déficits, le gouvernement établit et annonce un second plan d’austérité.

3 – Les agents économiques et les économistes s’inquiètent de ce que les mesures de ce plan vont freiner une croissance déjà atone.

4 – Les économistes prévoient que sous l’effet de ces nouvelles mesures, la production nationale va ralentir davantage, et les prévisions de croissance sur lesquelles le gouvernement s’était basé pour son plan s’avèrent inatteignables. Plusieurs secteurs économiques, banques, automobile, nucléaire, commencent à annoncer de vastes projets de licenciement. Le nouveau plan de rigueur recule encore l'âge de départ à la retraite, mais les grandes entreprises encouragent leurs séniors au départ volontaire. Les instituts de conjoncture annoncent des prévisions de consommation des ménages à la baisse.

5 – Les marchés financiers réagissent : l’écart de taux (spread) auquel la France emprunte augmente encore d’avantage par rapport au taux auquel l’Allemagne emprunte (prime de risque) ; des investisseurs commencent à se  débarrasser de leurs actifs en dette souveraine française. Les entreprises ont plus de mal à se financer à cause du resserrement du crédit disponible. Des économistes en vue annoncent que, de fait, la France a déjà perdu son AAA, et que d’ailleurs, elle emprunte déjà dans les conditions où elle emprunterait si elle ne l’avait plus.

6 – Une agence de notation (la même : Moody’s) avertit que les nouvelles conditions de taux dans lesquelles la France emprunte ne lui permettront plus d’atteindre ses objectifs budgétaires, compte tenu que ses prévisions de croissance étaient trop optimistes, et donc de faire face à ses déficits et à son endettement qui s’aggravent par le seul fait de l’augmentation de la charge de la dette ( = les intérêts de la dette) à rembourser ! Dans ces conditions, elle accentue sa menace sur la dégradation de sa note …

C. Q. F. D. !      C’est vraiment encore plus fort qu’une prophétie auto-réalisatrice, et on ne voit pas comment il est possible de se sortir d’un piège comme celui-ci. Un troisième plan de rigueur pour encore accentuer l’austérité ? Le gouvernement promet que non, mais on voit bien ce qui s’est passé chez nos voisins grecs ou italiens : toujours plus d’austérité, donc encore moins de croissance, etc. et la boucle est bouclée ! Il semble bien que quoi que l’on fasse, on soit bel et bien coincé dans la nasse !

                                          François Descheemaekere
    
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La crise de la dette se rapproche du cœur de la zone euro alors que les divisions s’accentuent

Debt Crisis Lurches Toward Heart of Euro Zone as Rifts Grow

[The New York Times]

Sharply divided European leaders faced mounting signs on Monday that the debt crisis was striking at the heart of the euro zone.

A major credit agency warned of a cut in the top-grade rating of France, which was one factor in a slide of more than 3 percent in many of Europe’s major indexes. Moody’s Investors Service said that rising borrowing costs and a deteriorating economic outlook were putting pressure on France’s creditworthiness. Moody’s has maintained France’s AAA rating so far, as have the other major ratings agencies, but it warned in October that it could put the rating on review.
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Moody's lance un nouvel avertissement sur la note de la France

[LeMatin.ch]

L'agence de notation Moody's a lancé un nouvel avertissement sur la note triple A de la France. Ce qui accentue encore la pression sur l'Hexagone.

L’agence Moody’s a accentué la pression sur la France lundi en lui signifiant les dangers pesant sur sa note triple A, dont la conservation est devenue la priorité du président Nicolas Sarkozy et un enjeu pour l’ensemble de la zone euro. Moody’s avait déjà averti la France le 18 octobre du risque de perdre sa note, la meilleure qui puisse être attribuée par les grandes agences d’évaluation financière. Alors que la crise en zone euro ne connaît aucun répit, elle a estimé que la situation de la France continuait de se dégrader.
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La France et Sarkozy paraissent vulnérables avec la persistance de la crise de l’euro

France, and Sarkozy, Look Vulnerable as Euro Crisis Persists

[The New York Times]

With the humiliating defeat on Sunday of the Socialists in Spain, the two-year euro crisis has already toppled eight governments, sending shivers of anxiety through the Élysée Palace and even the White House. 

The main theme of recent elections has been voters’ unhappiness with austerity, uncertainty and whatever party or coalition happens to be in power. But under the pressure of the markets and the demands of Germany, Europe’s de facto financial leader, new governments have largely had to promise more of the same. As the markets have swung from one vulnerable target to another, Ireland, Portugal, Greece, Italy, Finland, Denmark and Slovakia have all altered their governments, either through elections or parliamentary maneuverings. President Nicolas Sarkozy of France fears being next, with French bond costs rising to record highs, growth flat and a presidential election in April.
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Merkel sous pression pour accepter les euro-obligations

Merkel Under Pressure to Say 'Ja' to Euro Bonds

 [Spiegel Online]

Many think that euro bonds could save the common currency.

Chancellor Angela Merkel hates the idea of euro bonds. But with the European Commission set to present a feasibility study on Wednesday, pressure is mounting for her to change her tune. If she doesn't, say some, the debt contagion will simply continue to spread.
Budgetary discipline. Therein, as German Chancellor Angela Merkel never tires of intoning, lies the key to solving the ongoing debt crisis which continues to spread across the euro zone. But pressure on Berlin to consider other measures this autumn has been intense. And this week, the European Commission is set to make its clearest demand yet that Merkel agree to the creation of so-called euro bonds.

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L'Europe joue désormais sa survie

[Les Echos]

Dominique MOÏSI, chroniqueur, conseiller du directeur de l'Ifri (Institut français pour les relations internationales

De la chute du mur de Berlin jusqu'au début de la crise financière et économique mondiale en 2007, le dilemme européen a été de concilier élargissement et approfondissement. Force est de constater que le calendrier n'a pas été bon. L'élargissement est intervenu trop tard émotionnellement, à un moment où le sentiment de solidarité face à « l'Europe kidnappée » s'était pour le moins affaibli et trop tôt institutionnellement, alors que l'approfondissement n'avait pas été suffisamment consolidé. L'Europe à 27 n'était pas assez solidaire au moment où l'Europe à 17, celle de la zone euro, allait se révéler par trop hétérogène.
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Aux origines de la crise : l’Espagne dans sa bulle…immobilière

[Cafébabel]

Chers voisins européens, j’ai le regret de vous annoncer que la crise de l’Espagne n’a « rien » à voir avec celle de vos pays. Car la nôtre ne trouve pas ses racines dans des problèmes structuraux (pas seulement, du moins) mais littéralement dans le ciment. Nous sommes un cas à part. Le rideau se lève pour vous présenter l’origine de nos maux : la « bulle immobilière ».

Il est difficile de situer précisément l’origine de la crise dans le temps. Il est cependant possible de remonter jusqu’aux années 60, quand l’Espagne franquiste s’employait à construire sur ses côtes les appartements dans lesquels les Suédoises passeraient leurs vacances, même si son apogée remonte aux années 90. Ce qui est certain, c’est qu’en 2008, l’Espagne s’est réveillée d’un coup et qu’elle a pris conscience des conséquences de cette « bulle immobilière » (protégée par des gouvernements de sensibilités différentes).
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