jeudi 10 novembre 2011

De fait, la France a déjà perdu son triple AAA !

Les 2 sommets des Chefs d’Etat à Bruxelles, la réunion du G20 à Cannes, l’adoption du 2ème plan de rigueur en France n’ont pas suffi à écarter suffisamment la trajectoire de la tempête qui menace la zone euro. Les graves turbulences politiques en Grèce et en Italie, et l’incertitude qu’elles alimentent, ont fait plonger les marchés hier mercredi. Le taux à 10 ans des obligations italiennes a atteint un nouveau record absolu depuis la création de la zone euro, dépassant largement les 7% ce matin (10 novembre), un niveau complètement insoutenable pour les finances publiques italiennes.

Olivier Berruyer présente sur son  blog « Les-crises.fr » plusieurs graphiques d’une grande clarté qui montrent que, de fait, la France a déjà perdu son triple AAA. Quand on regarde le taux de l'emprunt d'État à 10 ans (supérieur à 3 %) et l'évolution du spread France-Allemagne (l'écart sur les emprunts d'État à 10 ans, passé de 40 à 120 points de base), montre un net décrochage entre les deux pays, inquiétant (presque un point désormais, en faveur de l’Allemagne), sachant que la France est le pays AAA qui connait la situation la plus dégradée. De fait, la dette française correspond à une note double AA, la même que celle des Etats-Unis...

Chaque jour, les écarts de taux (« spreads ») auxquels la France et l’Allemagne empruntent sur les marchés, augmentent. Hier en fin de journée, sur le marché obligataire européen où s'échange la dette des États, l'écart des taux entre l'obligation de référence du Trésor français à 10 ans (OAT) et son homologue allemande, le Bund, a atteint 147 points de base (1,47 point de pourcentage), du jamais-vu depuis 1997. Or, cet écart, qui mesure la prime de risque entre les deux, était seulement de 45 points de base il y a un an et de quelque 80 points de base cet été ! Concrètement, cela signifie qu'aujourd'hui les investisseurs craignent beaucoup plus de prêter à la France par rapport à l'Allemagne et exigent une rémunération plus importante pour compenser ce risque.

Et ce matin,  Jacques Attali enfonce le clou ! La France n'a aucun espoir de conserver son "triple A" qui lui permet d'emprunter à bas coût sur les marchés financiers, avertit-t-il dans un  entretien à La Tribune . « Ne nous faisons pas d'illusion : sur les marchés, la dette française n'est déjà plus AAA. »
Pour lui, le deuxième plan Fillon, qui porte à 18 milliards l'effort cumulé sur 2012, est
insuffisant, car il ne permet pas de rattraper le retard accumulé dans l'effort d'ajustement, d’autant que la croissance risque fort d’être encore plus faible que prévu. Comme de nombreux économistes, Jacques Attali reproche aussi le manque de lisibilité de ce plan qu’il qualifie de « nouveau saupoudrage de petites mesures qui cherchent à mécontenter le moins d'électeurs possible, dans une optique électorale évidente : ne pas déclencher la colère de la rue » !

Et
le plus probable est que la situation s’aggrave encore et finisse par toucher de plein fouet l'Italie, troisième économie de la zone euro dont la dette atteint 1900 milliards d'euros (120% du PIB), et la France, s’étendant immédiatement à l'ensemble de la zone euro, où le Fonds d'aide, le FESF, est encore très loin de pouvoir faire face à une telle hypothèse. En effet, le fonds de sauvetage européen (FESF : fonds européen de stabilité financière) qui a été porté le 27 octobre de 440 milliards d'euros à 1000 milliards est encore loin d’être opérationnel, et on imagine donc les sommes colossales qu'il faudrait rassembler en urgence pour combler les besoins de l'Italie 
(qui doit rembourser 326 milliards d'euros de dette au cours des 12 prochains mois) et, éventuellement de la France
                                                                                                                                              François Descheemaekere
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Les Bourses doutent de plus en plus de la capacité de la zone euro à sortir de la crise

[Fenêtre sur l'Europe]

Les places financières asiatiques chutaient jeudi matin en raison des craintes grandissantes d'une contagion de la crise de la dette à l'Italie, troisième économie de la zone euro. Les Bourses européennes et Wall Street ont terminé dans le rouge mercredi. Paris a ainsi perdu 2,17 %.
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L'Italie en mode panique

[Myeurop]

La démission annoncée de Berlusconi n'a pas rassuré les marchés. Le champion des cabrioles a posé ses conditions: des élections anticipées sans gouvernement de transition. Autrement dit, l'incertitude politique totale.

Résultat: le taux des emprunts d'Etat a atteint 7,42%. Situation intenable qui menace l'euro. La bourse plonge, le "spread", l’écart de rendement Italie-Allemagne à 10 ans atteint 572 points de base puis retombe à 552 points. Le rendement des obligations sur dix ans, grimpe à 7,42%. Un niveau insoutenable comme le prouve, notamment, l’exemple de la Grèce qui a dû réclamer une aide financière du Fonds Monétaire International (FMI) et de l’Union Européenne (UE). Et aussi, un point de non retour.

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L’Union Européenne en danger de scission

Support for Euro Risks Splitting European Union

[The New York Times]

Behind the urgent battle to save Italy and Greece from bankruptcy, another struggle is simmering: over power and influence in a European Union that risks separating into two, one an inner core that sets economic policy for the continent, and another that is forced to follow.

On Wednesday, Nick Clegg, the deputy prime minister of Britain, which is a prominent member of the European Union but remains outside the euro, urged the 17 nations that use the currency not to create “a club within a club” as they integrate to save their currency.
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Scénario de sortie de l’euro pour la Grèce

How to Leave the Euro

[The New York Times]

Stergios Skaperdas is a professor of economics at the University of California, Irvine. 

Having been led down an ever-worsening spiral by the euro zone and its own government, Greece now faces two options, both of them painful: stay the course, or default and exit the monetary union.

Each presents difficulties and uncertainties, but in the long run there is no question that default, and a return to the drachma, offer the better chance of economic growth and employment.
Staying the course — which, despite the impending change of government, is still Greece’s plan — means continuing austerity and unemployment for the foreseeable future. The young and skilled will go abroad, leaving behind an older, less productive and needier population to endure a crushing debt. In the meantime, all important economic decisions will be made in Paris, Berlin and Brussels.

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Pour la Chine, la réforme des quotes-parts au FMI passe avant l'aide à l'Europe

[Euractiv]

La Chine ne peut pas se permettre un échec de l'Europe : si elle a besoin d'aide, un soutien sera envisagé via le Fonds monétaire international, mais la priorité reste de finaliser la réforme des quotes-parts au FMI, a déclaré Xie Duo, un haut dirigeant de la Banque populaire de Chine, lors d'un entretien accordé à EurActiv.

Le FMI serait le mieux placé pour aider les pays européens surendettés en cas de besoin, et la Chine apporterait son soutien à une telle décision si nécessaire, mais les membres du FMI se doivent d'avancer rapidement sur la réforme du système des quotes-parts au Fonds monétaire international, a déclaré M. Duo, le directeur général du département des marchés financiers de la Banque populaire de Chine. La quote-part est l'argent qu'un pays membre du FMI doit verser au Fonds pour qu'il puisse prêter de l'argent aux pays dans le besoin. Cette quote-part a un impact sur le poids des votes exprimés par un pays au sein de cette organisation internationale. […]
M. Duo a insisté sur le fait que, selon lui, les attaques visant la zone euro ne seraient que temporaires. « Quand l'UE aura remis de l'ordre dans ses affaires, l'euro sera beaucoup plus fort », a-t-il ajouté, faisant remarquer que des réformes structurelles apaiseraient les marchés.

Lire : euractiv.com
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L’avenir du G20 sera régional

[Telos]

Karoline Postel-Vinay, Directeur de recherche Sciences Po, Chercheuse au Ceri (Sciences Po)

Difficile de voir, et même de croire, que le G20 de Cannes s’est intéressé à autre chose que la dette grecque. Mais le communiqué final l’atteste, il a aussi été question d’agriculture, de développement, d’énergie. Tout en bas du texte il est même fait mention de réforme de la gouvernance globale, sujet du groupe de travail du Premier ministre britannique, et présenté en août 2010 par Nicolas Sarkozy comme l’un des grands chantiers de la présidence française du G20. Enfin les dernières lignes du communiqué annonce une évolution de la gouvernance interne au G20 : « après 2015, les présidences annuelles du G20 seront choisies à partir de groupes régionaux tournants, en commençant par le groupe asiatique qui comprend la Chine, la Corée, l'Indonésie et le Japon. »
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